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Hypersensibilité vésicale chez la femme

Une hypersensibilité vésicale se décrit par une pollakiurie (= envies fréquentes d’uriner), des envies impérieuses d’uriner, voire des fuites urinaires. Ces symptômes sont accentués par le froid, le stress, l’eau qui coule, et d’autres stimuli comme le signe de la clé, avec des envies qui s’amplifient au moment de rentrer chez soi … Certains aliments vont favoriser ces symptômes comme la prise de thé, de café et de nourriture épicée. Il s’agit d’un symptôme fréquent qui nécessite des investigations, à la recherche d’un diagnostic étiologique précis, puis si possible, débuter un traitement de la cause idéalement ainsi qu’un traitement à visée symptomatique.

Comment fait-on le diagnostic d’hypersensibilité vésicale ?

Cette hypersensibilité vésicale est soit isolée, soit associée à d’autres symptômes comme de l’incontinence (par impériosité), des douleurs urinaires, sus pubiennes ou de la dyspareunie (douleurs lors des rapports sexuels), une hématurie (= sang dans les urines) ou des troubles digestifs (constipation, diarrhées).
Un calendrier mictionnel est très informatif sur ce que vit une femme qui présente une hypersensibilité vésicale. Il consiste à noter scrupuleusement pendant 48 heures, l’heure de chaque miction ainsi que leur volume de chaque miction. Cela permet d’éliminer un problème d’hydratation trop importante, en cas de diurèse sur 24 heures trop abondante.
Un examen gynécologique permettra de rechercher un prolapsus, une sécheresse vaginale, un ectropion urétral (= éversion de la muqueuse du méat urétral). Le toucher vaginal recherche une douleur ou une lésion vaginale. On procédera selon le contexte à un examen neurologique.
On fera systématiquement une analyse d’urine (ECBU et cytologie urinaire) et une échographie abdomino-pelvienne. Une cystoscopie (= regarder l’intérieur de la vessie avec une caméra) permet de chercher une explication à l’irritation de la vessie. Un bilan urodynamique permet de récolter des données sur le comportement de la vessie en fonction de son remplissage (recherche d’une instabilité vésicale) et les capacités de contraction des sphincters. D’autres examens peuvent s’avérer utiles comme un scanner abdomino-pelvien sans et avec injection ou une IRM pelvienne.

Quelles sont les causes d’hypersensibilité vésicale ?

Certaines maladies graves doivent être impérativement recherchées, en particulier les polypes de vessie et une maladie neurologique (sclérose en plaque, Maladie de Parkinson) avec souvent un contexte clinique parlant. Un prolapsus génital (cystocèle, hystérocèle et rectocèle), des infections urinaires à répétitions et de la sécheresse vaginale sont des affections génito- urinaires fréquentes facile à dépister et à corriger. La cystite interstitielle est une inflammation chronique de la vessie en lien avec une altération de la paroi vésicale, est une pathologie qui est en revanche difficile à diagnostiquer et compliquée à traiter. D’autres diagnostics plus rares comme un ectropion urétral, un calcul vésical ou du bas uretère, un corps étranger intra vésical, une cystite radique sont possibles.
En l’absence de diagnostic retrouvé, on parlera d’hypersensibilité vésicale idiopathique.

Comment traiter une hypersensibilité vésicale ?

Le traitement de la cause, lorsqu’elle est trouvée, reste la priorité.
En l’absence de cause retrouvée ou en l’absence de traitement efficace, il faut proposer si la gêne est majeure un traitement symptomatique. Celui-ci est basé d’abord sur les médicaments anticholinergiques et la neurostimulation tibiale postérieure.
Les anticholinergiques (TOVIAZ, VESICARE, CERIS, DITROPAN) sont des médicaments qui rendent moins sensible la vessie, très efficaces, mais avec des effets secondaires (constipation, baisse du jet urinaire, sécheresse buccale, pour les plus fréquents) qui amènent certaines patientes à interrompre le traitement. Le glaucome à angle fermé est une contre-indication.
La neurostimulation tibiale postérieure est indiquée en première intention, facile à réaliser. A l’aide d’un électro stimulateur et des électrodes en regard du nerf tibial postérieur au niveau de la malléole interne (TENS+ ou UROSTIM), à raison d’une séance de 10 minutes tous les jours. Il s’agit d’un traitement indolore avec des résultats intéressants, mais qui nécessite d’être utilisés en permanence.
La kinésithérapie périnéale est peu efficace dans ce type de symptôme.
En cas d’échec ou d’intolérance aux traitements de première intention, on peut proposer l’injection intra détrusorienne (= dans le muscle de la vessie) de la toxine botulinique ou la neurostimulation sacrée.
La toxine botulinique est une toxine qui paralyse la transmission neuro-musculaire et semble efficace dans le traitement de l’instabilité vésicale. On l’injecte sous anesthésie général à plusieurs endroits de la vessie par voie endoscopique. Il existe un risque de rétention d’urines post opératoire à surveiller. La durée d’action est d’environs 6 mois avec nécessité de recommencer la procédure en cas de succès aussi souvent que nécessaire.
La neurostimulation sacrée S3, consiste à stimuler une racine nerveuse située au niveau du 3e racine nerveuse issue du sacrum, d’abord en implantant une électrode sous anesthésie qui est reliée à un boîtier externe qui permet de régler les paramètres d’électrostimulation, puis ce boîtier sera implanté sous la peau, comme un « pacemaker » de vessie, en cas d’amélioration des symptômes. Il s’agit d’une technique de neuromodulation efficace, en particulier dans les vessies neurologiques.
Dans les cas les plus extrêmes, il est possible de réaliser des traitements chirurgicaux, par agrandissement vésical voire d’ablation de la vessie et dérivation urinaire (Bricker) si le confort de vie est catastrophique.
Les traitements de l’hypersensibilité vésicale idiopathique sont donc souvent symptomatiques et invasifs, d’où l’importance de bien chercher la cause de ce symptôme… Certaines voies de traitement plus axées sur la trophicité vaginale, beaucoup moins invasives (Laser endovaginal, radiofréquence, injection d’acide hyaluronique intravaginal, photothérapie, méatoskènectomie, etc…), semblent se développer avec des résultats très prometteurs à moyen et à long terme et nécessitent d’être mieux évalués.

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